Après le succès de l’album Djourou, le virtuose malien revient pour un tête à tête intime avec sa kora. En toute simplicité. En toute majesté.
Dans son dernier album, Djourou, Ballaké Sissoko explorait de nouveaux horizons en invitant de grands artistes aux univers aussi variés que Salif Keita, Arthur Teboul (Feu! Chatterton), Camille, Oxmo Puccino, Vincent Segal et Patrick Messina, Piers Faccini… Ce disque couronné de succès racontait à lui seul son art de la conversation musicale, tressant de nouveaux fils à la longue corde (« djourou ») qui le relie aux autres, et à l’histoire de la kora.
Ce goût et ce talent pour la rencontre, Ballaké les doit certainement à son art consommé de l’écoute, mais aussi aux longues conversations musicales qu’il n’a jamais cessé d’entretenir avec son instrument. Étrange paradoxe que ce « dialogue en solitaire », puisque c’est lui qui fait parler la kora et réagit aux émotions qu’elle suscite en lui, laissant ainsi son imagination et ses doigts s’envoler vers des paysages aussi magnifiques qu’inconnus.
C’est ici que se mesurent ses qualités d’improvisateur, cultivées depuis le plus jeune âge à l’ombre des vénérables anciens de l’Ensemble Instrumental du Mali.
Lors des sessions d’enregistrement de Djourou, Ballaké a gravé, dans l’intimité de la chapelle Sainte-Apolline, en Belgique, huit pièces instrumentales qui disent à elles seules les sommets de maîtrise et de liberté que tutoie, après quarante ans de carrière, ce discret géant de la musique mondiale. Si deux de ces morceaux figurent sur Djourou, ce nouvel album rassemble les huit pièces de cette conversation musicale entre le maître de chair et d’esprit et son double de cordes et de bois. Un témoignage intime et authentique, enregistré en une après-midi, durant laquelle Ballaké nous emmène avec lui en voyage. Un périple plein de majesté, qui confine au sacré, et embrasse les sereines collines de la méditation, aussi bien que les grandes plaines où chevauchent les guerriers mandingues, tout droit sortis des épopées d’un pays dont elles font la fierté. Ballaké en est certainement le meilleur ambassadeur, invité récemment par le célèbre studio berlinois COLORS à jouer Nan Sira Madi, le morceau qui ouvre cet album inédit (et dont l’édition physique est réservée aux seuls abonnés du label Nø Førmat).
Son nom : A Touma, entendez : « c’est le moment ». Pour Ballaké, de le partager, à l’heure de la maturité. Pour nous, de le découvrir et de nous laisser emporter.