I Silenti - Fabrizio Cassol / Tcha Limberger / Lisaboa Houbrechts
Hommage musical aux tsiganes
« Il faut parfois être la voix des silencieux» Dany Laferrière
Voilà des années que Fabrizio Cassol souhaitait faire une œuvre autour de Tcha Limberger, chanteur et violoniste tzigane aveugle, et de cet héritage non écrit que fut le génocide rom pendant la Seconde Guerre mondiale. À travers ce personnage de Tcha et la musique qu’il incarne, le poème musical I Silenti souhaite donc commémorer ce Porajmos ou Holocauste oublié, tout en évoquant aussi tous ceux qui, « I Silenti », sont condamnés au silence.
Se voulant avant tout une prise de position poétique et abstraite exprimant un ensemble d’expériences liées au silence imposé, à l’isolement et à la solitude, le spectacle alterne dès lors entre visibilité et invisibilité extrêmes, proposant une expérience non seulement du silence mais aussi de la cécité de Tcha Limberger. C'est lui en effet qui, en tant que protagoniste, met en lumière la tragédie de son peuple dont le génocide ne peut toujours pas sortir de l’obscurité.
Pour cette œuvre, Fabrizio Cassol s’attaque à ce monument que sont les Madrigaux de Monteverdi qui furent une des premières mises en voix des sentiments humains. Il recompose des passages manipulés des madrigaux sur les sujets de l’amour et de la guerre, et il fait se croiser les vers des poètes choisis par Monteverdi avec ceux d'une mémoire tzigane parfois méconnue. Ces derniers sont interprétés ici par Tcha Limberger en romanès, grec, espagnol ou italien, l'artiste exprimant ainsi le récit de son silence. Dans cet univers évolue une danseuse indienne, Shantala Shivalingappa, symbole de la mère perdue, celle des origines indiennes oubliées de Tcha et des Roms.
La scénographie, conçue par le peintre Oscar van der Put, crée quant à elle un « anti-espace », un lieu qui n’est pas un lieu, du temps qui n’est pas du temps, en rapport avec l’expérience des malvoyants, façonnant un paysage abstrait et surréel, en mouvement.
Accompagné par Lisaboa Houbrechts à la mise en scène et Christian Longchamp à la dramaturgie, Fabrizio Cassol s’est entouré ici d’un plateau exceptionnel de musiciens et de chanteurs comme la soprano Claron McFadden.
Bel hommage à ceux et celles qui ne veulent plus être condamnés au silence.
Fabrizio Cassol Composition
Tcha Limberger Voix et violon
Shantala Shivalingappa Danse
Claron McFadden, Nicola Wemyss, Jonatan Alvarado Voix
Philippe Thuriot Accordéon
Vilmos Csikos Contrebasse
Simon Leleux Percussions
Georgi Dobrev Kaval
Lisaboa Houbrechts Mise en scène
Christian Longchamp Conseiller à la dramaturgie
Co-accueil MC2 / CIMN - Détours de Babel.
Production Théâtre de Namur, avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge. En coproduction avec Caverna, Théâtre de Liège, Les Ballets C de la B., Toneelhuis Antwerpen, Théâtre de la ville du Luxembourg, Célestins - Théâtre de Lyon, Opéra de Lille, Festival de Marseille, ZHK- Ustadgah Foundation (Mumbai-Inde), La Coop asbl et Shelter Prod.
Ce projet a reçu la labellisation Grenoble Capitale Verte Européenne 2022