Les Noces de Saba - La Camera delle Lacrime
Mythologie musicale de l’Abyssinie médiévale
À l'origine de cette œuvre célébrant les noces de la reine de Saba et du roi Salomon dans un Xe siècle mythique avant notre ère, se trouve la Missa Luba, une messe latine utilisant notamment des chants traditionnels congolais. Le ténor Bruno Bonhoure, cofondateur avec Khaï-Dong Luong de la Camera delle Lacrime, l’entend pour la première fois quand il découvre le film de Pasolini L’Évangile selon Saint Matthieu, et est alors bouleversé par cette capacité à mêler musique ancienne, musique de tradition populaire, musique du monde et de création.
Pendant africain de la Missa Criolla andine, cette messe chantée initialement sur des airs non écrits d'Afrique subsaharienne fut fixée et enregistrée dans un arrangement du franciscain Guido Hazen en 1958 avec la participation d'un chœur d'enfants congolais. Dans l'adaptation qu'en propose ici La Camera delle Lacrime, le spectacle Les Noces de Saba évoque l’histoire d’une femme qui prend son destin en main, se créant une filiation divine par son union avec Salomon.
Le lien proche d'inspiration qui semble avoir existé entre Salomon et le roi de Castille et de León, Alphonse X le Sage, commanditaire des fameuses Cantigas de Santa Maria dans un XIIIe siècle où la péninsule ibérique était un territoire de rencontres et d’expérimentations musicales, a permis l'inclusion de certaines Cantigas dans l'écriture dramatique et musicale des Noces .
Le foisonnement musical de l'époque, qui mêlait traditions savantes et populaires, orales et écrites, structurées et improvisées, résonne dans la couleur de l'instrumentarium mélodique et rythmique de la Camera delle Lacrime. Celui-ci repose en effet sur les diverses palettes de jeu de la corde pincée - luth, harpe, oud, djéli n’goni et kora -, tout autant que dans le chant modal et la tradition de geste des musiciens invités comme le griot burkinabé Oua Anou Diarra, le chanteur violoniste algérien Mokrane Adlani et la joueuse de kora Senny Camara.
Les lignes mélodiques de la Missa Luba seront quant à elles interprétées par des chanteurs solistes, accompagnés d'un chœur d'enfants de Fontaine.
Fête où la musique et le rythme sont au centre de l’écriture dramatique, ces Noces de Saba sonnent comme un voyage du Golfe d’Aden à la Méditerranée, questionnant « une union d'hier et d'aujourd’hui ».
Bruno Bonhoure Direction musicale, chant, harpe, bombo legüero, kayambe
Khaï-Dong Luong Recherche, dramaturgie, écriture du scénario, mise en scène
Luanda Siqueira Chant
Stéphanie Petibon Luth, viola d’arco
Mokrane Adlani Chant, violon oriental, oud
Oua-Anou Diarra Calebasse
Senny Camara Chant, kora
Choeur de Fontaine
Co-accueil La Source / CIMN - Détours de Babel
L'ensemble est en résidence au sein de Clermont Auvergne Opéra pour les années 2021 à 2023. Le projet scénique des "Noces de Saba" reçoit le soutien exceptionnel du Mécénat Musical de la Société Générale.