Les rencontres artistiques transculturelles, une utopie ?

Table ronde
Jeu. 07 Avril 2022 11:00
Theâtre Sainte Marie d'en Bas
Terminé
Entrées libres sur réservation cliquez ici pour participer

Théâtre Sainte-Marie-d’en-Bas
38 rue Très Cloîtres, 38000 Grenoble
Tram : Ligne B ou Bus Lignes 16 et 62
Arrêt Notre Dame - Musée

À la fois moteurs et bénéficiaires de la mondialisation, les artistes ont depuis longtemps pris à leur compte l’accélération des échanges et un certain « rétrécissement de la planète » dans leurs créations artistiques. Nombreux sont ceux qui aujourd’hui s’affranchissent des appellations d’origines contrôlées, pour inventer des démarches transculturelles vers d’autres traditions. Ils invitent ainsi les publics à réinterroger leur rapport à la différence, aux autres cultures, au territoire, au vivant. En retour, nous les érigeons en porteurs d’espoir pour une société plus ouverte, plus égalitaire, plus juste, plus créative, plus apaisée, plus harmonieuse.

Pourtant, face à des voix qui invoquent l’étranger comme un danger et le migrant comme dérangeant, face à la complexité des imbrications ou des
appropriations culturelles, face au défi colossal des réconciliations postcoloniales... entre vision universaliste et revendication des minorités cette démarche ne serait-elle qu’une utopie, un dernier bastion de résistance devenu inaudible ?

L’objectif de ces rencontres est de partager des expériences et des réflexions afin d’ouvrir la voie à de nouvelles perspectives pour la création, et même peut-être au-delà. D’une part, les intervenants inviteront à prendre en considération le caractère essentiel de ces démarches transculturelles, qui bien qu’elles soient évidentes artistiquement, achoppent encore trop régulièrement aux catégories et aux hiérarchies
institutionnelles. D’autre part, en décentrant l’attention du rôle de l’artiste, ils réinterrogeront les potentialités de tout un monde d’opérateurs culturels, qu’il s’agisse des programmateurs, des réseaux professionnels ou des organismes de la diplomatie culturelle.

Nous tenterons ainsi de dessiner les contours d’une mise en pratique de « droits transculturels » et la création de « commun » qu’elle tente d’esquisser.

Julie Oleksiak et Benoit Thiebergien


 

11h Accueil
11h30 - 12h
Présentation de la journée : Pourquoi et comment parler de « transculturel » en lien à la musique ?

À ce jour, peu nombreux sont ceux qui utilisent l’appellation « musique transculturelle » de la même façon que d’autres mobilisent celle de « musiques du monde » ou de « musiques contemporaines ». Aussi imparfaites qu’elles soient, les catégories invitent ici à l’exploration et au dialogue pour saisir aussi bien ce qui se cache derrière les énoncés et la complexité inscrite dans les démarches artistiques qui y sont associées. Cette journée de réflexion s’ouvre donc sur une mise en perspective de cette notion de transculturel.

Intervenants : Julie Oleksiak, anthropologue (Centre Georg Simmel (CGS) EHESS/CNRS) / Benoit Thiebergien, directeur des Détours de Babel

12h - 13h
Table ronde 1 : Esthétique et éthique de la rencontre

Sachant que la musique ne peut être dissociée du contexte géographique, historique, culturel, sociologique, politique dans lequel elle émerge, sachant qu’en retour la musique agit également sur ce contexte : que permet de révéler une démarche de rencontre artistique ? Les aspects esthétiques croisent ici les aspects éthiques et invitent à questionner l’imaginaire d’une « poétique de la rencontre »..

Intervenants : Alexis Nouss, professeur en littérature générale et comparée / Camel Zekri, compositeur et musicien / Blaise Merlin, l’Onde & Cybèle, festivals Rhizomes et La Voix est Libre / Kamilya Jubran, compositrice et musicienne 

14h - 15h30
Table ronde 2 : Comment déjouer, gérer, assumer les rapports de domination dans la nature de l’échange artistique transculturel

Alors qu’il est bien connu que les explorations nourrissent la création artistique, elles trébuchent parfois sur des malentendus. L’expérience de la
rencontre peut-elle n’être qu’un fantasme ? Les rapports de pouvoir créent-ils des décalages entre les attentes et les engagements des différentes parties prenantes ? Que nous apprennent les débats sur l’appropriation culturelle ?

Intervenants : Mathieu Prual, compositeur et musicien / Florent Wattelier, ethnomusicologue (LESC/Nanterre) / Ariane Zevaco, anthropologue (CETOBaC/EHESS/CNRS) / Eve Risser, compositrice et musicienne / Selvam Thorez, Alliance française de Chittagong (Bangladesh)

15h45 - 18h
Table ronde 3 : Musiques transculturelles et logiques institutionnelles, enjeux et contradictions ?

Nous invitons ici à porter le regard sur l’engagement de tout un écosystème d’acteurs professionnels et institutionnels qui, aux côtés des artistes, rendent les rencontres musicales transculturelles possibles. Qui sont les initiateurs de ces projets ? Comment comprendre le rôle de « commanditaire » ? L’Occident est-il le détour indispensable ? Nous nous interrogerons également sur les enjeux diplomatiques de ces rencontres. Quel rôle la création artistique joue-t-elle dans les relations entre Etats ? Quels dispositifs facilitent ou contraignent les échanges artistiques internationaux ? Peut-on déceler des spécificités nationales dans cette politique de « soft power » ? Peut-on parler d’une diplomatie musicale
des Etats ?

Intervenants : Samuel Agard, Fondation Royaumont / Floy Krouchi, compositrice et musicienne / Sandrine Le Coz, anthropologue (CGS/EHESS/CNRS) / Jaime Salazar, anthropologue et musicien (CGS/EHESS/CNRS/ Conservatoire du Grand Chalon) / Fabienne Bidou, Institut Français du Bénin / Mathilde Bézard, Institut Français / Anne Duncan, British Council France / Eric Recoura, Relations Internationales ville de Grenoble

18h - 18h30
Conclusion : Comment mettre en pratique une éthique de la « transculturalité » ?
Intervenant : Jean Pierre Saez, sociologue

Coordination : Julie Oleksiak, Mathilde Bézard & Benoit Thiebergien


La table ronde est co-organisée par le CIMN/Détours de Babel, Grenoble / l’Institut Français, Paris en collaboration avec Le Centre Georg Simmel UMR 8131 EHESS/CNRS et L’Institut de Recherche sur les Mondes de la Musique.