Les Détours de Babel, une histoire singulière dans le paysage musical local et national !
Il faut remonter au siècle dernier, plus précisément dans les années 80 pour trouver les origines des Détours de Babel.
A cette époque, un collectif de musiciens de jazz et de musiques improvisées grenoblois créent l’AGEM, Atelier Grenoble Espace Musical. Sous l’impulsion de ce collectif, porté notamment par François Raulin, Antonio Placer et bien d’autres, et sous la direction de Jacques Panisset, Frédéric Pagès et Benoit Thiebergien, les musiques « non classiques », comme on disait, s’installent dans les sous-sols du Palais de l’Université à Grenoble, avec le soutien de la municipalité de l’époque.
Très vite l’espace devient un lieu de répétitions, de production et de formation musicale complémentaire du Conservatoire dédié au jazz de création et aux musiques que l’on n’appelait pas encore les « musiques actuelles ». L’ancien amphithéâtre du Palais de l’Université devient le Ciel, salle de concerts, et les anciennes chaudières du sous-sol un studio d’enregistrement. L’AGEM devient une sorte de SMAC autogérée avant l’heure !
Pendant plus de 10 ans, l’AGEM rassemblera de nombreux musiciens professionnels et fera vivre les musiques improvisées dans la région grenobloise.
En 1989, l’AGEM est dissout, devient NEMO et se transforme en lieu de répétitions de groupes de musiques amplifiées. Mais son héritage se métamorphosera en deux festivals marquants du paysage grenoblois.
C’est l’année de naissance du Grenoble Jazz Festival et des 38e Rugissants. L’un au printemps et l’autre en automne, ces deux festivals deviendront des grands rendezvous de la création musicale pendant plus de 20 ans dans la région grenobloise et au niveau national.
L’un, sous la direction de Jacques Panisset, reprend l’ancien festival du jazz-club, lui donne une dimension nationale, invite régulièrement les plus grandes figures du jazz américain et européen et les personnalités marquantes des musiques improvisées. Fidélisant un large public d’amateurs passionnés, il a à coeur de soutenir aussi la jeune création et les artistes régionaux dans tout le département à travers des concerts, des résidences et masterclasses.
L’autre, sous l’impulsion de Benoit Thiebergien, poursuit une voie « contemporaine », convoque orchestres et ensembles musicaux pour faire connaître les grands compositeurs qui ont marqué l’avant-garde du XXe siècle. Il soutient aussi la création sonore dans ses formes les plus originales. On se souvient de l’opéra subaquatique, du concert d’oiseaux ou du concerto pour carillon ambulant et clochers de Grenoble…
En 2010, les deux festivals décident de mettre en commun leurs expériences, leurs réseaux et leurs ressources pour poser les bases d’un nouveau projet au service de la création. Cette fusion donne naissance en 2011, au Centre International des Musiques Nomades, qui crée le tout nouveau Festival Détours de Babel.
Rassemblant l’héritage musical des deux manifestations, les Détours de Babel ne défendent pas un genre, un style, mais s’intéressent à la création musicale d’aujourd’hui, ouverte sur le monde et la diversité de ses cultures. A la croisée des musiques classiques et contemporaines, du jazz et des musiques du monde, le festival crée des ponts entre les formes dites « savantes » et « actuelles » et privilégie les projets « transculturels » témoignant d’une culture mondialisée.
Très vite, le succès public du festival, lors des spectacles en salle, des brunchs musicaux, bals, concerts de proximité, salons de musiques, etc. conforte les Détours de Babel dans ses choix de conjuguer risque artistique, innovation sociale et dynamique participative.
À la manoeuvre, le Centre International des Musiques Nomades prépare toute la saison chaque édition du festival à travers des commandes d’écriture, des résidences de création, des (co)productions régionales, nationales et internationales, en lien avec de nombreux partenaires français et étrangers. Autour de ces projets, de nombreuses actions culturelles tissent des liens vers de nouveaux publics.
Après 10 ans de Festival, la ville de Grenoble confie en 2019 au Centre International des Musiques Nomades le Théâtre Sainte-Marie-d’en-Bas, ancienne chapelle classée monument historique, transformée en salle de spectacle, au coeur du centre-ville de Grenoble... tout près des locaux qui abritaient l’AGEM !
Il y déploie aujourd’hui ses activités toute l’année, à travers une saison de concerts et spectacles, de nombreuses résidences de création, des projets participatifs et d’action culturelle à l’écoute des musiques d’ici et d’ailleurs.
Et il n’est pas prévu que cela s’arrête !